HISTOIRE DU KARATE

 

Le Karate, ou art de la main vide, est né sur l' île d'Okinawa, située à environ 450 kilomètres au sud-est du Japon et à 550 kilomètres de la Chine. Nul doute que de par sa situation géographique, Okinawa a subi les influences culturelles de ces deux pays.

De par les traces écrites, tout laisse à penser que l'origine du karaté est chinoise et remonterait au VI eme ou au VII eme siècle: à cette période, les attaques de bandits et autres semeurs de troubles se faisaient fréquentes. Pour y remédier et pouvoir se défendre, les moines du temple du Shaolin (Chine) furent aidés par le moine indien Bodhidharma qui leur enseigna les techniques de combats necessaires. Cependant, il semble fort probable que ces connaissances n'ont pas été seulement transmises aux moines mais aussi aux insulaires, car lorsqu'au XVII eme siècle les japonais ont envahi l'île, ils ont trouvé des paysans qui maîtrisaient parfaitement le maniement des armes et les techniques de combats necessaires. Comment cela fut-il possible?

Pour expliquer cela, il faut tout d'abord savoir qu'à Okinawa, il existait une méthode de combat appelée Okinawa-te ( main d'Okinawa) qui regroupait trois formes de combats qui seront traitées dans la page suivante.

Nous pouvons dater de 500 ans la première période d'expansion du Karate à Okinawa: à cette époque, le roi Hashi de la dynastie Sho réunit les trois principaux royaumes des îles Ryu-Kyu et unifia tout l'archipel. Le roi Hashi était soucieux de maintenir l'ordre sans avoir recours à la force militaire; ainsi il interdit la possession d'armes dans le royaume qui était considérée comme un crime. Le combat sans armes a alors beaucoup évolué: il rencontra un franc succès chez les paysans qui trouvaient en lui une efficacité certaine.

Cependant, vers 1600, le seigneur Japonais de Satsuma attaqua et conquit le royaume du roi Hashi, non sans être étonné par l'adresse des paysans au combat, comme nous l'avons dit plus haut.

Tout comme le roi Hashi, le seigneur de Satsuma décida d'interdire la possession d'armes afin de minimiser les risques d'un éventuel soulevement de la population. Ceci a contribué à la seconde période d'expansion du Karate sur l'île. L'entrainement en Okinawa-te se faisait de plus en plus poussé et était pratiqué de nuit, devenant plus dangereux et mortel. On commença alors à utiliser comme armes des outils agricoles, comme les bâtons, les faucilles, les chaînes et les barres d'acier, dont se servaient les paysans pour leur travail. Ceci donna naissance aux techniques de Bojutsu,Tonfa, Sai ou Nunchaku, et donc, au Kobudo.

C'est vers 1735 que l'on mentionna l'influence chinoise sur le Karate dans des ouvrages. Dans le livre Õshima-Hikki, Õshima signifiant "Grande île" et Hikki "note", il est dit qu'un homme, Sakugawa, s'est rendu en Chine où il a maîtrisé le Karate et qu'il est retourné à Okinawa pour l'enseigner.

Les politiciens chinois avaient constaté l'importance qu'avait le Karate pour les habitants d'Okinawa. Désireux de développer le commerce avec l'île, les Chinois envoyèrent des fonctionnaires de l'ambassade également experts en boxe chinoise qui enseignèrent leur art au peuple.

En 1664, l'attaché culturel Koshokun arriva à Okinawa accompagné de plusieurs de ses élèves chinois et commença à enseigner dans l'île. Il a d'ailleurs inventé un Kata qu'il a laissé aux habitants de l'île en guise d'héritage. Ce kata s'appelait Kushanku et est aujourd'hui enseigné dans les écoles de Shotokan sous le nom de Kwanku, que l'on pourrait traduire par " voir à travers le néant" ou bien "regarder le ciel".

D'autres délégués chinois se rendirent aussi sur l'île, ce qui montre le double caractère du Karate: -un style violent et efficace, provenant du système de défense des paysans. -un style imprégné de philosophie et plus élaboré, provenant de l'ancienne culture de la Chine.

On peut distinguer trois types majeurs d'arts martiaux originaires d'Okinawa. Leurs noms proviennent des villes dans lesquelles ils étaient pratiqués.

Le Shuri-te (main de Shuri) était pratiqué à Shuri et dans ses environs et était enseigné par le maître Ito-su. C'était un style qui préférait la rapidité: en effet les mouvements et les esquives de ce style se voulaient rapides et agiles. C'est le père du Shôrin-ryû.

Le Naha-te (main de Naha) était pratiqué dans le port de Naha et était enseigné par le maître Higashionna. Celui-ci puisait son inspiration du Style de combat de l'école du Shaolin méridional aux applications tantôt dures, tantôt douces, aux positions hautes, aux déplacements semi- circulaires et aux coups circulaires puissants. C'est le père du Shôrei-ryû.

Le Tomari-te (main de Tomari) était pratiqué à Tomari et était enseigné par le maître Matsumura. Il a influencé aussi bien le Shôrin-ryû que le Shôrei-ryû.

Ces pratiques martiales constituaient donc l' Okinawa-te, d'où est né le Karate-jutsu. Les maîtres d' Okinawa organisèrent le Shôbukai d' Okinawa, un séminaire, et décidèrent d'appeler Karaté ( main chinoise, kara signifiant Chine) l'ensemble de leurs techniques de combat.

La suite de l'histoire du Karate va vous être racontée grâce à la biographie de GICHIN FUNAKOSHI, le maître initiateur du Shôtôkan-Ryu. Toutes les écoles ont son portrait accroché au mur et lui montrent leur respect durant le salut.

FUNAKOSHI GICHIN ( 1869-1957):

Il naquit à Shuri ( Okinawa) en 1869. Sa famille l'envoya étudier le Shuri-te qu'il découvre en 1884 grâce à son maître d'école, fils de Anko Azato (1827-1906). Il pratiqua ensuite avec Azato en personne.

En 1890, il devint l'élève de Itosu Yasutsune (1830-1915). Vers 1888, il obtint un poste d'instituteur auxiliaire dans une école primaire. C'était un homme courtois et distingué, qui écrivait et parlait le chinois, l'okinawaïen et le japonais. Il composa quelques poésies qu'il signa du nom de Shôtô ( ondulation des pins). La plus connue de ses poésies est celle qui concerne la façon dont Funakoshi concevra son action dans les arts martiaux: " Sur l'île baignée par le soleil du sud l'art de la main nue est tombé du ciel. Et cela me fait peur car il ne doit pas s'éteindre. Qui voudra bien le faire survivre et s'épanouir? Devant le ciel bleu je m'engage".

Après être devenu un élève compétent et très apprécié de ses maîtres, il devint lui-même professeur. Il tenta de faire la synthèse des divers styles de combat de l'Okinawa-te pour les faire connaître au Japon.

En 1902, il fit une démonstration de sa méthode devant les responsables de la province de kagoshima. En 1912, il fut choisi par le Shôbukai d'Okinawa pour donner une démonstration à la marine japonaise. Le succès fut tel qu'il continua à faire des démonstrations à Okinawa. En 1917, Funakoshi quitte l'île une première fois pour effectuer une démonstration à Kyôto au grand rassemblement organisé par le Butoku-kai. En 1922, il effectue une seconde démonstration à Tôkyô devant le ministre japonais de l'éducation nationale.

Peu après, Jigoro Kano, le fondateur du Judo, lui demanda d'éxécuter une autre démonstration au Kôdôkan, le temple mondial du Judo. Kano pria vivement Funakoshi de rester à Tôkyô.

Il publia son premier livre, " Ryû-Kyû-Kempô: Tô-te", et débuta l'enseignement du Karaté dans les universités. Puis il décida de modifier la signification du mot Karate, qu'il avait désigné comme "main de la Chine". Comme "Kara" voulait à la fois dire "Chine" et "vide" et qu'il était soucieux d'intégrer le Karaté dans la tradition du Budo Japonais, " Karate" devint donc " la main du vide". Après cela, il ajouta "Dô" ( voie) à "Karate" et le tout se transforma donc en "Karate-dô" (voie de la main vide).

L'association de Shôtô, la Shôtô-Kai, est fondée en 1936 et est dirigée par le fils de Funakoshi, Yoshitaka, ainsi que par Isao Obata, Genshin Hironishi, Takagi Masamoto et Egami Shigeru. Dans la même année, Funakoshi ouvrit le premier dôjô de Karate à Zoshigaya, arrondissement de Toshima,auquel les membres de la Shoto-Kai donnèrent le nom de Shôtô-Kan, ou temple de Shôtô. On commença alors à désigner son style en tant que "Shôtôkan-ryû", ou école du temple de la vague et du pin.

Durant la seconde guerre mondiale, le dôjô connu beaucoup d'élèves, mais la plupart des gradés furent tués et le dôjô détruit lors d'un raid aérien en 1945. En 1947, Gichin Funakoshi entreprit une restructuration du Karate. Alors que les forces d'occupation avaient défendu la pratique du Judo et des autres arts martiaux, les américains laissèrent le Karate se développer librement. La Nihon-Karate-Kyokai,( la Japan Karaté Association), fut crée en 1949 et Funakoshi fut nommé chef instructeur.

Gichin Funakoshi mourut en 1957. Quelques mois après sa mort, la J.K.A organisa son premier championnat qui fut remporté par Hirokazu Kanazawa. Son fils, Yoshikata Funakoshi, s'écarta un peu du Karate de son père: il ne voulait plus d'une technique guerrière; il voulait une voie ( Dô) pour atteindre un développement personnel, physique et psychique.

 

 

 

 

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